Marine Olivier : au cœur de l'innovation responsable, un pont entre sciences, design et impact sociétal

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Marine Olivier, en Master Design de transitions
Marine Olivier, en Master Design de transitions, photo de François Thibeault - Université de Sherbrooke
Marine Olivier effectue un stage au Centre interdisciplinaire de développement international en santé (CIDIS) de l'Université de Sherbrooke, en partenariat avec le LN2, dans le cadre du Master en Design de transitions à Grenoble IAE-INP.
| Article de François Thibeault - Université de Sherbrooke  - Cet article a été initialement publié sur Laboratoire Nanotechnologies et Nanosystèmes – LN2 le 7 août 2025 et est reproduit ici avec permission. Voir l'original |

Le cheminement de Marine Olivier s'engage initialement sur les sentiers bien définis des sciences du vivant, avec une licence axée sur la biochimie et la biologie cellulaire qui laissait présager une orientation vers la recherche en sciences de la santé. Toutefois, une réflexion personnelle et des expériences clés ont infléchi cette trajectoire. Comment une formation scientifique pointue mène-t-elle à un Master en Design de transitions à Grenoble IAE-INP, une école universitaire publique de management (IAE) associée à Grenoble Institut national polytechnique (INP) ?

Quel lien unit cette spécialisation à un stage au Centre interdisciplinaire de développement international en santé (CIDIS) de l'Université de Sherbrooke, en partenariat avec le LN2, centré sur l'évaluation du déploiement de panneaux solaires couplés et d’une innovation technologique au Mali?

L'itinéraire de Marine Olivier illustre une convergence singulière entre rigueur scientifique, approches créatives et une aspiration profonde à contribuer concrètement aux enjeux sociétaux contemporains.

De la pharmaceutique aux transitions écologiques et sociales

Initialement attirée par le domaine pharmaceutique, Marine entreprend une licence en Sciences de la vie, de la Terre et de l'Environnement, se spécialisant en biochimie et physiologie. « J'ai adoré toutes les connaissances que j'ai acquises, » confie-t-elle, « mais je ne me voyais pas faire de la recherche en laboratoire. »

Un semestre Erasmus en Irlande pendant sa licence marque un premier tournant. La découverte d'une pédagogie différente et de cours axés sur le management de la durabilité et la responsabilité sociale éveille en elle de nouvelles perspectives. De retour en France, plutôt que de se précipiter dans un Master spécialisé en biochimie, Marine choisit de prendre une année pour explorer d'autres horizons en entreprenant un service civique.

Elle s'investit alors dans une collectivité publique près de Paris, au sein d'une structure dédiée à la transition écologique, facilitant les liens entre la ville, les citoyens et associations. « J'ai vraiment beaucoup aimé ce lieu [...] il m’a permis de me recentrer sur mon envie de contribuer à la transition écologique et sociale », explique-t-elle. Cette expérience, riche en communication et en organisation d'événements ludiques et réflexifs, confirme sa nouvelle orientation.

C'est ainsi qu'elle intègre le Master en Design de transitions à Grenoble IAE-INP, une formation unique en France qui allie gestion de projets de transition écologique et sociale avec des méthodes de créativité issues du design. « Cela me permet de voir les problèmes sous un autre angle et en général un peu plus systémique, » précise Marine. L'aspect interdisciplinaire de ce Master, accueillant des profils variés allant des sciences humaines aux langues, est une source d'enrichissement constant — pour celle qui est issue d'un parcours atypique en sciences de la vie.

Un stage international au carrefour de la santé et de l'innovation

L'opportunité de son stage actuel à l'Université de Sherbrooke s'est présentée grâce à un contact entre le Pr Éric Fache, l'un de ses professeurs à Grenoble IAE-INP, et la Pre Céline Verchère, coresponsable de l'axe Impacts, usages et mise en société du LN2 et membre experte du CIDIS. Attirée par les mots-clés « international, santé et interdisciplinaire » du CIDIS, Marine n'hésite pas.

Depuis fin avril et jusqu'à fin août, elle contribue à un projet de recherche d'envergure dirigé par le Pr Gabriel Blouin-Genest (Faculté des lettres et des Sciences Humaines, École de politique appliquée, UdeS) et impliquant également quatre cochercheurs et cochercheuses dont le Pr David-Martin Milot (Faculté de médecine et sciences de la santé, UdeS), avec le soutien et la collaboration de la Pre Céline Verchère.

Ce projet évalue l'appropriation d'un outil numérique – un logiciel de centralisation des données patients, accompagné de matériel informatique et de panneaux solaires – déployé dans des centres de santé communautaire au Mali. « Ce projet de recherche était là pour évaluer cette appropriation-là par les professionnels de santé, » détaille Marine.

Les travaux de Marine s’appuient sur ceux de Jennyfer Boudreau, coordonnatrice de recherche, qui a mené une grande partie des analyses qualitatives des 128 entretiens réalisés, au moyen de la méthode CAUTIC® (Conception assistée par les Usages pour les technologies, l’Innovation et le Changement), développée à Grenoble par le Pr Philippe Mallein.

Marine travaille à rendre ces résultats accessibles et pertinents pour des publics variés : les professionnel·le·s de santé maliens, les membres du personnel de recherche, les bailleurs de fonds, et les institutions. « On ne va pas communiquer les mêmes choses si c'est pour les professionnels de santé [...] au Mali, que pour les équipes de recherche ou la communauté étudiante de l'Université de Sherbrooke », soulève Marine.

Grâce à des collaborations avec Sarah Stecko (directrice des opérations et des partenariats, CIDIS-UdeS), Natalia Torres Orozco (chargée de projet et professionnel de recherche, CIDIS-UdeS) et Souleymane Sawadogo (expert CIDIS en santé numérique), Marine élabore des supports facilitant la compréhension des impacts de l’implantation du logiciel auprès des parties prenantes au Mali, rendant ainsi  plus accessible la diffusion des résultats et l’appropriation de ce dispositif.

Marine reçoit un accompagnement de la part de la Pre Céline Verchère, formée à la méthode CAUTIC® et ayant participé à l’élaboration du protocole de recherche. Elle l’aide également à mobiliser ses compétences en design de transition, et à valoriser et diffuser les résultats de recherche du projet.

Innovation responsable et co-construction

Ce stage est pour Marine l'occasion de toucher du doigt la complexité et l'importance de l'innovation technologique pensée pour et avec ses utilisateur·trice·s, dans des contextes aussi spécifiques que celui du Mali. « Comment proposer des projets, mais qui soient aussi en accord avec le milieu où on va l'implanter, » réfléchit-elle. Elle souligne l'importance de « vraiment collaborer et à coconstruire des projets, » afin d'éviter de simplement transposer des solutions pensées pour les pays du Nord. Le projet de recherche actuel, selon elle, « permet vraiment de voir les points forts, mais aussi et surtout les faiblesses, les points de tension. »

Son objectif pour la fin de son stage est clair : « Que ma contribution soit qu'il y ait une meilleure compréhension autour du projet [...] et vraiment qu'elle puisse être réappropriée pour des projets futurs. »

Au-delà du stage : immersion québécoise et perspectives

Installée sur le Plateau Mont-Royal, Marine profite de la vie montréalaise. Elle a notamment été marquée par le 92e congrès de l'ACFAS : « Il y avait énormément de conférences qui étaient super intéressantes, avec un accent sur l'approche décoloniale. » Une sensibilité qui résonne fortement avec ses propres préoccupations de recherche.

Pour la suite, Marine retournera à Grenoble pour sa deuxième année de Master, où l'attendent un mémoire de recherche et un projet de fin d'études concret. Si le domaine précis reste à définir, nul doute que son expérience québécoise et son immersion dans les enjeux de l'innovation responsable en santé internationale nourriront ses réflexions futures.
Mis à jour le  22 septembre 2025